12 juin 2019,Encan du Collectionneur, 4556 de Rouen,Montréal ,H1V 3V9 , 514-255-5333 par La Maison des Encans de Montréal

Huile sur toile 40x32 pouces signée Rita Letendre. Titrée espace jaune. Peinte à Paris en 1964.

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L’ÉMOTION EXPLOSIVE

J’étais allée avec mon ami Michel à la maison de ses parents. À notre arrivée Rita Letendre était là avec son nouvel ami Kosso. Les parents de Michel étaient des mécènes qui aidaient beaucoup les peintres, et plusieurs entreposaient leurs tableaux dans leur sous-sol. Ils se trouvaient au sous-sol. Quelque chose n’était pas normal. Elle en était à une étape charnière de sa vie semblait bouleversée. L’atmosphère était lourd. Elle commença soudain à s’agiter. Elle s’empara d’un couteau, prit un tableau et et fendit la toile en deux d’un air rageur. Elle disait qu’elle ne pouvait les voir et qu’elle les détruirait tous. Je lui ai crié : non, Rita. Ne fais pas ça! Ne détruis pas tous ces beaux tableaux! J’en tremblais et je me suis mise à pleurer comme un veau. Me voyant si bouleversée, elle arrêta son carnage et me regarda longuement. Elle me dit alors : ça va, Hélène, arrêtes de pleurer. Choisis-en un et apportes-le chez toi et caches le dans le fond d’un garde-robe et tu iras le regarder là. Je ne veux plus jamais le revoir! Il y en avait un qui m’attirait parce qu’il semblait être chargé d’une immense émotion explosive qui semblait emprisonnée derrière cette peinture. Je l’ai pris dans mes mains, j’ai regardé Rita les yeux pleins de larmes, et je l’ai remerciée de tout mon cœur. Nous sommes sortis, Michel et moi, et avons pris la direction de mon appartement. J’en frissonnais tout le long du trajet

André pour Hélène

En 1963, je rencontre Michel Lortie qui me fait connaître le milieu des artistes du Refus Global et ses parents sont les mécènes qui aidaient plusieurs de ces artistes, parmi eux Rita Letendre et Ulysse Comtois. Je découvre le monde fascinant et dynamique de la peinture.

En 1964, lors d’un voyage de trois mois a Paris, la vie de Rita bascule : elle quitte Ulysse et Kosso devient son compagnon et deviendra son époux.

A son retour a Montréal, elle désire faire le ménage de ses tableaux qui sont entreposés dans le sous-sol des parents de Michel. A ma grande surprise, elle détruisait ces tableaux mais lorsque je la vois prendre le tableau que je préfère entre tous, je me met a pleurer. Kosso et Michel la convainquent de le sauver. Sa réaction : ok mais cache-le au fond de ton garde-robe, je peux plus le voir. C’est ce que j’ai fait et maintenant cela fait plus de 50 ans qu’il m’apporte du réconfort, mais le temps est venu de m’en départir pour lui donner une autre vie. Il restera toujours mon tableau préféré dans mon cœur comme d’ailleurs mes souvenirs de cette grande dame : Rita Letendre.

Hélène

Mon expérience personnelle avec le tableau de Rita Letendre.

J’ai connu Hélène en octobre 1967. Je suis allé à son appartement pour la première fois en novembre. Une des premières choses que j’ai remarqué fut le tableau de Rita Letendre sur le mur de son salon. Il a attiré mon attention et m’a fasciné. Il était magnifique. Je l’ai contemplé un long moment. Il semblait vouloir me dire quelque chose de spécial, mais je ne pouvais pas saisir son message. Hélène m’a alors raconté son histoire et m’a dit à quel point il la rendait heureuse. Elle y tenait plus que n’importe quoi d’autre.

Nous nous sommes mariés l’année suivante et ce tableau nous a accompagnés de près durant toute notre vie, et nous avons pris de grandes précautions lors de son transport à chaque déménagement. Je l’ai vu d’innombrables fois tout au long de ma vie commune avec Hélène et cette fascination n’a jamais changé.

À force d’en parler ensemble, j’ai fini par saisir que Rita Letendre avait enfoui dans cette toile toute l’émotion qu’elle avait en elle suite probablement à de nombreuses frustrations qu’elle avait subies dans sa vie et qu’elle avait décidé d’enterrer pour toujours derrière cette peinture. Soyez assuré qu’avec le temps je me suis de plus en plus attaché à ce tableau. Je peux maintenant le laisser s’éloigner de moi car j’ai maintenant la certitude que j’ai percé son secret intime. Je peux donc maintenant laisser la chance à d’autres d’en faire autant. Cependant je ressentirai toujours qu’une partie de ma vie s’est envolée…vers l’avenir.

André 

Une belle grande plaque en bois sculpté et signée - Le tramway 1101 de Montréal ligne Lachine

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